A l’occasion de la fête de Saint François, la famille Franciscaine a célébré le 800ème anniversaire de la rencontre de saint François avec le Sultan d’Egypte à Damiette. Ce fut, en 1219, une rencontre étonnante en pleine croisade, dans un contexte historique de non-dialogue et de guerre. François, petit frère universel, avait su renverser une frontière qui semblait infranchissable, avec pour seule arme sa foi, sa prière incessante, son amour de la paix et son désir de rencontrer un frère.
En 2019, la Centrafrique cherche les voies du respect mutuel, du dialogue de la foi, et d’une fraternité possible entre les communautés chrétienne et musulmane, tombées depuis 2012 dans le piège des amalgames entre appartenance religieuse et groupes militaro-politiques. Les plaies saignent encore.
L’évêque de BANGUI – Cardinal Dieudonné – et l’Imam Kobine, sont ici chez nous, deux apôtres de la paix: notre Saint François et notre Sultan Malik Al Khamil.
Envers et contre tout, depuis 2013, ils parcourent le pays, rencontrent les grands de ce monde et de notre pays, autant que les populations locales des deux communautés pour prêcher des voies de paix et de cohésion sociale.
Pour la deuxième année consécutive, le Diocèse de BANGUI a organisé sa semaine de rentrée pastorale sur le thème : « Œcuménisme et Dialogue Interreligieux dans un pays de conflit ». C’était du 24 au 29 septembre à la paroisse Notre-Dame d’Afrique.
Tout au long de la semaine, et jusqu’à la clôture par une messe festive qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, des conférences, échanges, prières, se sont élevés de cette grande paroisse et ont parcouru le pays par les ondes de la radio. Un magnifique chant composé sur le thème de la rencontre a été scandé avec talent par les chorales, fissurant les murs d’apriori, de peur et de division.
Accueillons quelques paroles de l’Imam Omar Kobine Layama :
« Dialoguer, c’est accepter de faire un pas en avant vers l’autre, de la même manière que Dieu a accepté de faire un pas en avant en notre direction, pour que nous puissions le rencontrer. De ce point de vue, si le dialogue islamo-chrétien nécessite de conserver ses repères, il nécessite aussi d’avancer un peu plus vers l’autre, de l’accepter tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Respecter l’autre dans sa différence, accueillir l’expérience de l’autre. »
Dialoguer avec l’autre, c’est d’abord apprendre à le connaître, c’est-à-dire apprendre qui il est, au-delà de l’idée que je m’en fais : que vit-il vraiment ? Quelles sont mes affinités avec lui et les points sur lesquels j’ai plus de difficultés ? Qu’est-ce que j’arrive à comprendre de ce qu’il vit et qu’est-ce que j’ai du mal à comprendre ? Pour cela, il faut rencontrer l’autre, tel qu’il est et non pas tel que je l’imagine.
L’imam Kobine de poursuivre : « Tous ceux qui tuent au nom de l’islam sont des menteurs. Car en aucun cas, l’islam ne prône la guerre, ni n’encourage à travers les sourates à ôter abusivement la vie de quelqu’un. L’islam a pour signification la paix. »
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