• Un Dieu en pandémie ?

    Un Dieu « anti-pandémique », un Dieu « post-pandémique »

    ou un Dieu « dans la pandémie » ?

    Michael P. Moore, Frère Mineur Franciscain (Hermano de la Provincia argentina San Francisco Solano, desde 1986. Actualmente reside en Salta, ciudad ubicada al norte de Argentina. Doctorado en Teología Fundamental por la Universidad Gregoriana de Roma).

    Publié dans Digital Religion le 27 mars. Traduit de l’espagnol par Jean Claude Sauzet.

    Adaptation libre et sous-titres par Guy Aurenche

    Il convient d’en parler.

    « A propos de ce dont on ne peut pas parler, il est mieux de garder le silence », a déclaré le philosophe autrichien L. Wittgenstein. Il faisait référence à des « thèmes » comme ceux que je veux réfléchir brièvement : Dieu, le monde, la liberté etc. « Ce dont vous ne pouvez pas parler … » Je pense qu’il vaut mieux essayer d’en dire quelque chose, avec respect, mais avec clarté et fermeté (du moins, avec la clarté et la fermeté que les choses de la foi nous permettent). Parce que ce qui est en jeu dans ces situations est – ni plus ni moins – que notre image de Dieu : qui est le dieu sur lequel ma foi est basée et comment se rapporte-t-elle à nos histoires ?

    Humainement, il est compréhensible que, dans des situations de grandes calamités, l’homme – d’hier et d’aujourd’hui – aille à Dieu ou aux divinités – quel que soit leur nom – pour résoudre ce que nous et les sciences ne pouvons pas résoudre …  surtout quand le plus beau cadeau que nous ayons est menacé : la vie.

    Que Dieu intervienne !

    Plus précisément, en ces jours où nous sommes sérieusement en proie à une pandémie, on voit, dans différents secteurs de l’Église – et je me réfère spécifiquement à l’Église catholique, à laquelle j’appartiens – des recours aux chaînes de prière, demandes d’intercession aux saints, prières devant des images (supposées) miraculeuses, etc.  De sorte que, par sa médiation, Dieu intervienne  et arrête le fléau, ou du moins réconforte le cœur brisé. Cette attitude suppose, à un niveau préconscient, que Dieu peut le faire et qu’il le fera peut-être, si nous insistons « avec beaucoup de foi ».

    Inévitablement, si nous réfléchissons un instant à cette position, nous nous retrouvons avec des invraisemblances qui ne font qu’infantiliser ou affaiblir la foi : si Dieu peut éviter ce malheur, pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant ? (Nous supposons que nous avons déjà surmonté l’image d’un dieu qui a envoyé des malheurs comme punition ou comme défi).

    Dieu a-t-il besoin de nous pour le convaincre d’intervenir ?

    On donne à croire que nous sommes beaucoup plus miséricordieux et attentifs aux souffrances du monde que Dieu lui-même. (Voir sur ces sujets, le théologien espagnol A. Torres Queiruga, qui « définit » Dieu précisément comme « Anti-mal »). Cela implique que Dieu soit un Grand Magicien qui, du « ciel » et de temps en temps – très peu souvent, soit dit en passant – intervient à coups de baguette magique pour interrompre le cours des lois et des libertés et ainsi éviter la souffrance des hommes.

    C’est la responsabilité des hommes et pas de Dieu.

    Le COVID 19 existe parce que les virus font également partie d’un monde fini et toujours en évolution. Celle-ci est bien le seul moyen de création pour un créateur. Le frein à ce fléau dépend de la découverte du vaccin nécessaire, et c’est le travail et la responsabilité de l’homme, pas de Dieu.

    L’histoire est entre nos mains … et nos mains, soutenues par Dieu (si je peux me permettre une telle métaphore anthropomorphique ; c’est Dieu qui « fait » les hommes). Au motif que nous ne pouvons pas enlever au croyant son dernier espoir que « Dieu peut faire quelque chose » – si nous sommes nombreux à insister – nous offrons à l’homme un antidote que nous savons fausse, car cela ne le guérira pas. Cela ne me semble pas honnête. Une autre position – très différente – est celle du croyant qui sait qu’il est habité, soutenu et accompagné par l’Esprit et l’exprime dans sa prière ; ce croyant sait que sa vie est plongée dans une autre vie dont il est né et dans laquelle il reviendra. Il ne croit pas que la mort ait le dernier mot…. Même si, l’avant-dernier … est très douloureux !

    Ces brèves lignes auraient besoin de plus d’explications (par exemple, pour surmonter le fondamentalisme biblique), car il y a beaucoup d’enjeux. Nous traînons des années de catéchisme qui a condamné de nombreux croyants à l’infantilisme ou conduit  beaucoup d’autres à s’éloigner de Dieu. Nous devons marcher vers une foi adulte qui nous permette de dire un mot de la foi à la hauteur des circonstances actuelles. « Soyez toujours prêts à donner raison de votre espérance à tous ceux qui vous le demandent, mais faites-le avec humilité et respect » (1 P 3.15).

    Amour ou toute puissance ?

    Il est nécessaire d’arrêter de faire peser sur Dieu la responsabilité de freiner  ce mal qui sévit aujourd’hui chez de nombreux hommes et femmes. Dieu n’envoie pas de souffrances au monde ni, à proprement parler, ne les « autorise » pas, puisque cela supposerait de croire que, pouvant les éviter, Il ne le fait pas. « Quel père, quelle mère ne feraient pas tout ce qui est leur en pouvoir pour minimiser la douleur de leurs enfants ? » (A. Torres Queiruga). Si, comme nous les chrétiens l’affirmons, Dieu est amour, il serait contradictoire à son essence de penser qu’étant en mesure d’éviter la souffrance il ne le fait pas pour une raison « mystérieuse ». Par conséquent, clairement, nous devons repenser également le thème de la soi-disant « toute-puissance divine ». Mais je préfère dans cet espace répondre non pas à la discussion hypothétique et théorique, mais à un fait concret. J’ai donc intitulé ces lignes de l’idée d’un « Dieu post-pandémique ». Je m’explique.

    Face à la croix de Jésus.

    Nous, chrétiens, croyons que Dieu s’est révélé d’une manière complète – mais pas unique – dans l’histoire de Jésus de Nazareth dont la vie se termine par l’échec de la croix (J. I. González Faus) – nous omettons souvent la résurrection -. Au milieu de ce scénario de douleur, les évangélistes mettent dans la bouche de ceux qui contemplent le crucifié, une sorte de supplication, comme un défi : « Si c’est le Fils de Dieu qu’il descende  de la croix et ainsi nous croirons en lui … » (Mt 27, 40 ; Mc 15,31 ; Lc 23,35). Cette attitude est extrêmement compréhensible, j’ose dire « très humaine ». Je pense que c’est celle de chaque croyant – de n’importe quelle croyance – face au mystère de la douleur : demander à être descendu de la croix. C’est ici, me semble-t-il, qu’est née une grande partie de la nouveauté paradoxale du christianisme : parce que le Père ne descend pas son Fils bien-aimé de la croix, il meurt. Et il meurt souffrant, sans succès, seul, oscillant entre le désespoir (Mc 15, 34) et la remise confiante (Lc 23, 46).

    Alors, les chrétiens, c’est-à-dire nous qui mettons  le centre de notre foi dans l’histoire de Jésus, devons faire de la théologie après ce fait concret : Dieu ne l’a pas dé-cloué « miraculeusement » de la croix. Faire de la théologie, penser la foi à l’âge adulte signifie assumer ce fait dur de la réalité et se demander : s’il n’est pas intervenu dans le destin de son Fils – parce que cela aurait impliqué de violer la liberté des hommes qui avaient décidé que sa proposition était inutile – avons-nous le droit d’exiger qu’il le fasse dans nos histoires ?

    Il ne « saute » pas la mort.

    Sur la croix Il y a aussi une révélation : il nous est dit quelque chose d’important sur Dieu et sur la vie, sur les victimes et les bourreaux. La première évidence : notre Dieu respecte l’autonomie de ses créatures et de sa création ; et, deuxième évidence : le pouvoir scandaleux de l’injustice sur le bien, des bourreaux sur les victimes. Cependant cette violence n’a que l’avant-dernier mot. Chrétiens, nous croyons à la résurrection, comprise non pas comme la renaissance d’un cadavre, mais comme le triomphe de la vie sur la mort : Dieu a le dernier mot et relativise ainsi la puissance de la mort. Mais, n’oublions pas qu’il ne la « saute » pas mais il la traverse : Jésus se lève après sa mort.

    Le Père ne le descend pas de la croix et le sauve de la tombe. J’insiste sur ce point pour ne rien retirer de « l’obscurité » dense de la mort qui est la plus haute expression de notre fragilité. D’une certaine manière, Dieu nous « comprend » parce qu’il souffre la mort de son premier-né – et continue de souffrir chaque mort de chaque fils – ; mais, même souffrant, il ne fait pas le « miracle ». Et notez que les Juifs pieux ont dit que si ce présage s’était produit (qu’il soit descendu de la croix), ils croiraient en lui … D’autant plus que l’on peut se demander : Jésus n’est-il pas venu pour que nous croyions en lui, son message, et dans le Père. Alors qu’est-ce que cette « abstention » nous montre ? Pourquoi n’va-t-il pas fait ce « petit effort » et tout le monde aurait cru – hier et aujourd’hui – en lui ?

    Théologie en période de pandémie.

    Dieu ne négocie pas sa manière d’être et de travailler selon nos conditions. Notre foi ne peut pas dépendre de ces interventions pseudo-miraculeuses. Au moment où j’écris ces lignes, aujourd’hui et seulement en Italie (mi-mars 2020), plus de 600 personnes sont mortes, plus de 600 enfants de Dieu. Ce ne sont pas des chiffres ; ce sont des vies et ce sont des histoires. Et ce sont des familles qui sont détruites. Personnellement, je fais de la théologie après la croix, après la pandémie. Et je me demande – encore une fois – qui est et comment est mon Dieu. Et tout comme je n’ai pas demandé pour ma mère qu’Il la délivre de souffrir en mourant, je ne le ferai pas non plus aujourd’hui. Je découvre le Dieu en qui je crois, soutenant tant d’hommes et de femmes qui, dans ces moments risquent leur vie pour que d’autres vivent. Et je renouvelle – dans le clair-obscur de l’histoire, ma profession de foi pleine d’espoir qui me murmure : la mort n’a pas le dernier mot. Mais oui la mort a les avant-derniers mots qui sont un scandale et une souffrance extrême.

    J’essaie de réfléchir et d’inviter à une lecture de la foi sur cet événement douloureux dont souffre une grande partie de l’humanité. Pour les croyants et pour les chercheurs de sens, en ces moments de douleur, le regard du cœur se tourne vers le ciel en demandant pourquoi Dieu ne fait pas quelque chose ? Où est-il alors que tant de ses enfants se détruisent dans la douleur et glissent lentement vers la mort ? Y va-t-il vraiment un Dieu … et s’il existe, à quoi ressemble-t-il ? Ce sont des questions auxquelles je n’ai pas l’intention de répondre de manière exhaustive; mais en tant que croyant – et en tant que théologien – la vie et, en ce moment, son côté obscur, me mettent au défi de dire quelque chose qui me console, qui me soutienne, qui continue de m’encourager et qui ne se résout pas dans la position qui, (à mon avis semble un peu fidéiste) répète : face au mal, vous devez fermer les yeux et l’intelligence parce que c’est un mystère … comme Dieu l’est.

    Dieu souffre avec…

    Sans aucun doute, Dieu est essentiellement un mystère qui, même après s’être révélé, reste tel ; et  cela est exacerbé lorsque nous mettons en dialogue le couple Dieu-mal. Mais cela ne nous inhibe pas. Bien au contraire, je pense que cela nous pousse à essayer de dire quelque chose. Avec peur et tremblement. Mais quelque chose. Nous regardons dans le mystère, nous osons balbutier quelques mots, même s’ils sont provisoires. Si j’ai ainsi parlé d’un « Dieu anti-pandémique » et d’un « Dieu post-pandémique », j’aimerais maintenant essayer de découvrir quelque chose de Dieu au milieu de cette réalité : un « Dieu dans la pandémie ». La thèse est que d’une manière ou d’une autre – et j’insiste sur cette qualification – Dieu souffre dans et avec ceux qui souffrent de ce fléau, et Il sauve aussi avec et par tant de personnes qui risquent leur vie pour que d’autres vivent.

    Je suis conscient du risque d’anthropomorphisation que cela implique ; mais je préfère prendre ce risque plutôt que de postuler un Dieu indifférent et oisif, ou un Dieu miraculeux qui n’a pas encore décidé d’arrêter cette pandémie – parce que peut-être nous ne l’aurions pas encore convaincu sur la base des supplications et des offrandes -. Au moment où j’écris ceci, les victimes officiellement reconnues dépassent déjà de loin les 13 000. Parmi les nombreux textes bibliques que j’ai pu choisir comme déclencheur de cette réflexion, je veux m’arrêter à un seul, car je pense que c’est le plus explicite. Je fais référence au passage de Matthieu dit « du jugement dernier » Mt 25,31-46. Enveloppée dans le langage apocalyptique de l’époque, l’une des vérités les plus importantes du christianisme est contenue dans l’impossibilité de séparer l’amour de Dieu de l’amour de l’homme, et la nécessité de trouver Dieu en l’homme et l’homme en Dieu. Plus concrètement, le texte parle de l’homme qui souffre de maux différents : faim, pauvreté, exclusion, prison, maladie … et il est urgent d’étendre la liste à tant d’autres « nouvelles » souffrances que souffrent nos contemporains. Mais, pour le moment, il est significatif que Jésus parle spécifiquement du mal de la maladie. Et qu’il se déclare identifié à celui qui en souffre : « chaque fois qu’ils l’ont fait … ils me l’ont fait ». La clé est dans ce verset 40 : « pour moi » ; en effet, « le verre d’eau donné aux pauvres ne pourrait pas atteindre le Christ si la soif de ces pauvres ne l’avait pas atteint au préalable » (J. I. González Faus).

    Il y a une identification en vérité – si je peux être si audacieux –  et non d’abord comme un signe (sacramentel). Jésus ne dit pas « c’est comme s’ils me l’avaient fait », mais « ils me l’ont fait ». De là découle une première révélation : d’une manière ou d’une autre, Dieu souffre par son Fils dans la souffrance de chaque homme avec lequel il continue de s’identifier. Il y a une sorte de « prolongation » du Crucifié dans la chair blessée des hommes et des femmes encore crucifiés, aujourd’hui, dans cette pandémie. C’est pourquoi nous intitulons ces lignes « Dieu dans la pandémie », comme une invitation à essayer de découvrir où se trouve notre Dieu au milieu de cette nuit noire. Et la réponse qui découle du texte évangélique est : Dieu souffre avec celui qui souffre. Comme le prophète Isaïe proclame aussi : « dans toutes leurs afflictions, il a été affligé » (Is 63,9). Bien sûr, pour beaucoup, cela ne suffit pas. Parce qu’ils préféreraient non pas un Dieu qui souffre avec eux mais un Dieu qui évite la souffrance, qui ne souffre pas ou ne permet pas la souffrance. C’est humainement compréhensible. Mais est-ce cela qui est révélé dans le Crucifié ? Pour cette raison, comme nous l’avons suggéré, le thème de ce mal concret nous invite à repenser qui est le Dieu auquel nous croyons.

    Éviter la souffrance de Dieu dans l’histoire.

    Dans le texte que nous commentons, une autre révélation scandaleuse est proposée comme réponse : Dieu est présent non pas comme celui qui évite la douleur du monde, mais comme celui qui la souffre et la supporte et, par conséquent, c’est l’homme qui est appelé à éviter la souffrance de Dieu dans l’histoire. La question que l’homme adresse au ciel au milieu de sa douleur, « pourquoi ne faites-vous pas quelque chose ? », Dieu la renvoie à l’homme par son identification avec la victime. Et de là, il nous demande de soulager sa douleur, qui est la même que celle de sa créature. Dieu est celui qui souffre et c’est l’homme qui est appelé à donner le verre d’eau pour étancher sa soif, qui est la même que celle des assoiffés. Aujourd’hui, c’est l’homme qui est appelé d’urgence à aider – par tous les moyens possibles – dans cette pandémie. Ainsi, encore une fois, la discrétion « insupportable » de Dieu se révèle à nous (Ch. Duquoc) qui affirme l’autonomie totale de l’histoire et qui n’intervient qu’avec l’appel silencieux de son amour. Dieu comme solidarité qui accompagne, et non pas comme puissance qui intervient et revendique (J. I. González Faus). Ou qui ne le fait qu’à travers tant et tant de gens qui, dans ces moments précis, risquent leur vie au profit d’un autre … généralement inconnu. Une gratuité totale. Et peu importe au nom de qui ils font ce qu’ils font : cela est clair dans le passage de Matthieu. Tous déclarent qu’ils n’ont pas rencontré Dieu, c’est-à-dire qu’ils n’aident pas «au nom de Dieu ». Cependant, le salut y est en jeu. Et je veux étendre le sens de ce mot si ambigu dans le langage de la foi, vers l’au-delà : vivre sauvé, ici et maintenant, signifie avoir trouvé un sens complet à la vie. Au risque de perdre la sienne.

    La réalité insolente du mal et de la douleur dans le monde – qui provient aujourd’hui du virus COVID 19 – pousse le scandale et la protestation de la foi, à douter plutôt qu’à consentir. Mais cela peut aussi être l’occasion de purifier cette même foi et de découvrir ce qui est essentiel en elle. Pour ma part, je voudrais conclure, avec l’exhortation que Jésus lui-même nous fait : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » (Mt 9,13 ; 12,7). Tant que Dieu ne deviendra pas « tout en tous » (1 Co 15, 28), la souffrance continuera dans le monde. En attendant, il s’agit de découvrir un « Dieu en pandémie » et de pratiquer la miséricorde, pour soulager notre douleur, qui est la sienne.

  • Nées pour la compassion

  • Depuis que je connais Mère Joséphine, ma vie a changé !

    31 mars 2019… jour des 200 ans de notre fondatrice…nous recevons par le biais du site un message profond et touchant. Ce sera le premier d’un échange qui se poursuit…

    Nous publions ces écrits avec l’autorisation de ce couple.

    Ayant découvert la physionomie de Mère Joséphine à travers le chemin de croix du 5 mars 2019 et ayant été très vivement impressionné par son langage simple et lumineux, j’aimerais savoir si les lettres de votre fondatrice sont accessibles. Je serais très heureux de les consulter et de connaître davantage cette personnalité! Merci d’avance!

    Suite à l’envoi des lettres de notre fondatrice :

    En proie à une vive émotion suite à une première lecture des lettres de Mère Joséphine,je vous remercie sincèrement de votre mail qui m’ouvre  des horizons immenses…Depuis que j’ai rencontré Mère Joséphine, ma vie a changé et j’espère continuer mon cheminement avec le Christ, en sa compagnie…

    Je souffre dans mon corps…Ma femme est aussi très malade…et on sent votre fondatrice si proche des malades!

    Nous continuons d’approfondir son message.

    Quelques temps après…

    Christ est ressuscité!

    Excusez-moi pour le retard à vous répondre: les fêtes de la Résurrection, nos 50 ans de mariage,…et notre santé à tous les deux…En ce moment je suis hospitalisé.

    Un grand merci pour le chemin spirituel que vous nous avez envoyé: merci de nous permettre de marcher ensemble sur les traces du Christ et de partager avec nous la joie de l’Evangile. Mère Joséphine est de plus en plus pour nous un phare et nous découvrons son précieux héritage.

    Nous nous réjouissons d’avance d’approfondir notre connaissance de son profil lumineux de simplicité à travers le livre (« Humble et pauvre ») que vous nous proposez et que nous acceptons avec enthousiasme!

    Nous avons fait rencontrer à une amie proche Mère Joséphine et elle nous suggère de vous demander… s’il existe des reliques de votre fondatrice comme il y en a de Thérèse de Lisieux? Nous croyons au miracle…et voyez-vous je suis diabétique, amputé déjà d’une jambe, souvent hospitalisé, et ma femme a un cancer, la chimio la fatigue beaucoup… Mais nous entrevoyons un rayon de soleil à travers Mère Joséphine: peut-être nous guérira-t-elle?…

    Bien fraternellement unis à vous, Alleluia!

    et encore plus tard…

    Mère Joséphine nous aide : nous en avons eu la preuve…C’est un devoir pour nous de vous la faire partager : après une première hospitalisation suite à une infection, une deuxième s’est avérée nécessaire, une septicémie s’étant déclarée…Les médecins ne me laissaient pas beaucoup d’espoir. J’ai reçu le sacrement des malades et nous nous sommes tournés vers Mère Joséphine en commençant une neuvaine…Avant la fin de la neuvaine, j’étais hors de danger! Merci à Mère Joséphine! et merci à toutes les Petites Soeurs!

    Nous suivons avec vous le chemin spirituel que vous nous avez envoyé…Un grand merci pour le livre que nous avons hâte de commencer! N’hésitez pas à nous faire partager d’autres moments intenses avec Mère Joséphine.

     

  • Au coeur de la mort, la solidarité…

    Joachim, c’est ce jeune garçon Pygmée Aka, l’un de nos élèves de l’école de ce campement (ici avec son maître et Sr Prisca). Il était brillant élève, malgré ses nombreuses absences pour cause de chasse ou de cueillette en forêt… le lot de toutes les classes des campements où il faut au maître souplesse et passion pour fidéliser les enfants tout en respectant le rythme du village, calqué sur les lois de la nature.

    Joachim souffrait d’obésité, ce qui est extrêmement rare chez les Akas… et peut-être d’une maladie qui en était la cause, nous ne le saurons jamais. Pendant une longue période en forêt, loin du campement habituel et de toute commodité, une blessure à la jambe a dégénéré en plaie surinfectée, d’une rare gravité.

    Les soins traditionnels, dont les Pygmées ont le secret, n’y ont rien fait. Et très vite, comme il est de coutume, la maladie a été vue comme acte de sorcellerie. Quand l’enfant a été amené à NGOTTO par Pierre, un jeune papa éveillé du campement, il était déjà tard. Transféré à l’hôpital de BODA, la famille n’a pas accepté le rythme de ces soins trop médicaux et a regagné le village.

    Quand Joachim nous a été amené sur une charrette en dernière urgence, nous ne savions que faire. L’enfant souffrait atrocement et attendait tout de nous. Nous l’avons installé dans une pièce à la paroisse avec sa maman, et nourri au mieux car il avait faim, mais que faire de cette plaie pratiquement intouchable qui avait pris toute la jambe? Seule l’amputation semblait pouvoir le sauver. Une seule chance était là: l’arrivée prochaine à MBAÏKI du Professeur ONIMUS, chirurgien orthopédique franc-comtois* qui vient opérer depuis plusieurs décennies en RCA. Sœur Rosine a fait ce qu’elle a pu pour le calmer et éviter l’aggravation du mal. Un petit miracle s’est produit puisqu’il a pu supporter le voyage jusqu’à MBAÏKI, puis Bangui où il a été transféré pour l’opération, accompagné de Pierre et de sa maman. Quelle aventure pour eux!!

    Joachim a donc été opéré au Complexe Pédiatrique de BANGUI dans de bonnes conditions. Le pronostic après l’opération avait donné bon espoir à tous. Nos Petites Sœurs de BANGUI avaient commencé à visiter l’enfant et à accueillir la maman un peu perdue…! Celles qui avaient vécu à NGOTTO étaient d’un grand réconfort pour eux. Mais voilà qu’après trois jours, sa santé s’est vite dégradée et l’enfant a succombé.

    Nous savions le risque grand, mais nous l’avions pris pour tenter de sauver une vie. Maintenant, il était mort… loin de son campement, où les traditions autour de la mort sont si fortes. Que fallait-il faire? Nous ne pouvions ramener le corps jusqu’à Ngotto par une telle chaleur, mais ne pouvions pas non plus l’enterrer dans l’anonymat de la grande ville. Après réflexion, nos Petites Sœurs de Bangui ont fait tout le nécessaire et trouvé un véhicule pour amener le corps à MBAÏKI (terre de la Lobaye!). Avec les Sœurs de la Charité (de Mère Térésa) et le curé de la Cathédrale, précédemment à NGOTTO, nous avons pu enterrer dignement notre enfant après un temps de prière à l’église et un message fort du père Maximin.

    Par la suite, le retour au village fut douloureux, mais l’occasion pour Pierre d’exhorter ses frères à ne pas négliger la santé des enfants et de témoigner de la grande chaîne de solidarité qui s’est tissée autour de Joachim jusqu’à la fin.

    Petite Sœur Isabelle

     

     

  • L’amour du Christ et la compassion

  • La pharmacie Sainte Famille de N’Gotto

    A N’GOTTO, afin de procurer à la population de bons médicaments à prix modiques, un sous-dépôt pharmaceutique du diocèse a pu être ouvert grâce à la construction d’un local adapté. La Petite Sœur Rosine nous en parle.

    Pourquoi cette appellation ? Tout simplement parce que notre pharmacie se trouve dans l’enceinte de notre paroisse Sainte Famille. C’est grâce à l’association BATALI (amis bienfaiteurs de la paroisse de NGOTTO), à l’appui de Monseigneur Guerino PERIN, et aussi à la participation de notre Congrégation, par tous ceux qui la soutiennent, que nous avons pu réaliser et équiper un beau local. Là encore, l’Entraide Missionnaire d’Anjou a bien aidé. A tous, MERCI, MERCI !

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    Il s’agit d’un sous-dépôt pharmaceutique qui dépend du dépôt diocésain de MBAÏKI. C’est le 2 mai 2018 que j’ai commencé à y travailler. Après une petite cérémonie de bénédiction par l’abbé Antarèze, notre curé, je me suis sentie installée effectivement ! Il reste encore quelques petits travaux à faire (un point d’eau, rendu possible depuis la mise en route du bélier hydraulique au mois de mars, quelques renforcements contre les grosses pluies). N’empêche que la pharmacie fonctionne et que je reçois déjà les patients, et les « clients » des petits postes de santé environnants qui viennent se procurer des médicaments pour leur village. Sans oublier tous ceux qui viennent chercher conseil, écoute ou un soin d’urgence (à toute heure). Parmi tous ces gens, je reçois les plus démunis, les Pygmées, qui viennent pour se faire soigner.

    Encore merci à vous, nos amis, qui nous donnez les moyens de rendre service à la population bien pauvre de N’GOTTO. Je suis heureuse de travailler dans cette pharmacie qui élargit nos relations, me rend proche des souffrants en accomplissant ma mission d’infirmière.

    Petite Sœur Rosine

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  • Solidarité à l’hôpital avec les plus démunis

    La Petite Sœur Marcelline a travaillé longtemps comme infirmière à l’hôpital. Arrivée à l’âge de la retraite, elle reste aujourd’hui très engagée à l’Aumônerie des Hôpitaux de Bangui. Elle nous explique combien la solidarité  est importante   pour permettre à l’équipe de secourir les plus démunis.

    Ma mission à l’aumônerie? Je m’occupe des malades. Comme je suis aussi soignante, j’assure certains soins de malades démunis qui n’ont pas de famille, ou de patients arrivés de province, sans parents à Bangui. Par exemple, je fais des traitements de suivi à la maison, après la sortie de l’hôpital.

    Avec les membres de l’équipe, chaque semaine, nous visitons les grabataires dans les pavillons, nous prions avec eux et pour eux, salle par salle. Nous donnons la communion à ceux qui le souhaitent. Le dimanche, une messe est célébrée dans la chapelle de l’hôpital, elle rassemble beaucoup de monde : les familles des malades, les habitants du quartier… Après la messe, il y a toujours une visite des malades, avec un partage de ce que nous avons.

    L’équipe d’aumônerie est composée de plusieurs personnes : le prêtre responsable, moi je suis son assistante ; il y a une coordonnatrice, une secrétaire, une trésorière et les membres visiteurs de malades, tous laïcs. Et puis aussi des choristes et des enfants servants pour la liturgie.

    Des Mouvements de Chrétiens viennent régulièrement nous aider. Par exemple, dimanche passé, c’étaient les Légionnaires de la paroisse saint Jean ; ils ont apporté des vivres et du savon pour les partager aux malades.  Au mois de février, lors de la Journée Mondiale des Malades, le Cardinal ou son vicaire viennent célébrer la messe. Ce jour-là, les gens donnent beaucoup : des médicaments, du savon, des habits…

    En RCA, pas de Sécurité Sociale ni de soins gratuits dans les hôpitaux.

    Des Chrétiens de bon cœur font parfois des dons. Certaines familles de malades nous aident un peu selon leurs moyens.

    Dans les paroisses, des  Mouvements organisent des quêtes. Les amis de notre Congrégation nous aident aussi. Parmi eux, l’Entraide Missionnaire de l’Anjou (E.M.A) : une association du Diocèse d’Angers qui nous assiste chaque année dans nos activités sanitaires à Bangui et Ngotto.

    Ce sont tous ces dons réunis qui nous permettent de secourir les malades démunis.

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    Comme Petite Sœur, je suis heureuse de faire ce travail : mettre les gens debout, soigner ceux dont personne ne s’occupe,  dans la ligne de nos origines de garde-malades à la suite de notre fondatrice Mère Joséphine, c’est pleinement notre charisme de Petites Sœurs de Saint François.

    Pour illustrer mon propos, je vais vous parler d’Eugénie, une femme venue de MBRES, une ville éloignée.

    Pendant les violences, on a tué son mari. Elle, elle a dû fuir en brousse. A force de boire de l’eau sale, elle est tombée gravement malade. Elle s’est alors rapprochée de la route pour trouver du secours. Là, un véhicule de Médecins Sans Frontières l’a ramenée à l’Hôpital de l’Amitié à BANGUI. Mais, comme M.S.F avait la charge des accidentés et des blessés de la guerre, elle ne rentrait pas dans ce cadre et s’est retrouvée sans assistance. Grâce à l’aide de l’E.M.A, elle a pu être opérée. Il s’agissait de l’ablation de la rate. Aujourd’hui, Eugénie va mieux. Elle vit au PK22 sur la route de Damara, chez une famille chrétienne de bon cœur qui l’a accueillie. Un jour, j’ai eu la bonne surprise de sa visite à la fraternité. Elle venait me remercier avec quelques mangues et ignames du champ.

    Je remercie ceux qui contribuent à l’œuvre de l’E.M.A. Sans votre aide, Eugénie serait décédée, comme tant d’autres…

     Petite Sœur Marcelline

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  • Petite Soeur Lydie : une présence au coeur des villages meurtris

    Lydie est infirmière. Après son retour du Togo où elle avait travaillé dans une Pouponnière des Soeurs de Saint François, auprès d’enfants orphelins ou abandonnés, elle a repris sa mission à BANGUI dans le cadre de l’Equipe Mobile de Santé du diocèse. Cette mission l’amène régulièrement sur les routes de Centrafrique, aux côtés de Mgr Dieudonné, infatigable ouvrier de paix, en cette période où une partie du pays reste sous l’emprise de la violence. Un journaliste de l’équipe lui a consacré un article dont nous vous partageons ici des extraits…

    La fraternité des Petites Soeurs de Saint François, qui travaille depuis de nombreuses années sur la paroisse Notre Dame d’Afrique à BANGUI, est présente dans le champ pastoral de l’archidiocèse de Bangui, notamment dans la pastorale de la santé, l’éducation et le social.

    Parmi elles, la petite soeur Lydie, qui après son retour de sa mission au Togo, a automatiquement intégré l’Equipe Mobile de Santé de l’archidiocèse de Bangui, sur la demande du Cardinal NZAPALAINGA.

    Malgré les tensions qui régnaient dans les diocèses de BAMBARI et de KAGA BANDORO, la petite soeur Lydie a accompagné le Cardinal et son équipe d’abord au mois de décembre 2017 dans le diocèse de BAMBARI.

    Cette mission a été très pénible, parce qu’il y avait encore des affrontements entre les groupes armés à YPPI. Les habitants étaient en débandade, ils ont fui pour se réfugier à la paroisse Saint François-Xavier d’YPPI et dans la communauté des Soeurs Missionnaires de l’Evangile en mission dans la localité.

    L’occasion, pour la petite soeur Lydie, d’échanger et d’aider les Soeurs qui étaient dans une situation très difficile : beaucoup de gens avaient été tués innocemment par les groupes armés qui s’affrontaient dans la ville. Elle est ensuite allée à la rencontre des femmes et des enfants également en détresse, certains étaient malades. La petite soeur Lydie et le frère spiritain Elkana, de l’Equipe Mobile de Santé, leur ont prodigué des soins.

    Le cardinal et son équipe ont fait tout un travail de médiation auprès des groupes armés pour tenter d’arrêter la souffrance de la population de ce diocèse de BAMBARI. Notre petite soeur a eu l’occasion ainsi de rencontrer les femmes musulmanes et peulhes déplacées. Ces femmes-là aussi traversent les mêmes difficultés que leurs consoeurs non musulmanes: dépouillées de tous leurs biens pendant la crise, par les groupes armés.

    La tournée avec le Cardinal dans le Diocèse de KAGA-BANDORO a eu lieu en février 2018. Là encore, ils ont trouvé une réalité difficile. Les femmes et les enfants continuent de peiner sur les sites de déplacés, sans assistance conséquente pour l’heure. Dans certaines villes, les jeunes filles fuient pour ne pas être violées.

    Dans un entretien avec un journaliste de Radio-Notre-Dame-Bangui, la petite soeur Lydie était revenue sur les difficultés que rencontrent au quotidien les femmes de ces localités : « la tâche n’est pas facile pour le moment. Nous devons tous conjuguer nos efforts pour soutenir nos frères et soeurs, surtout les enfants qui souffrent dans les recoins de la Centrafrique. Merci à tous. »

  • Prendre soin… hier comme aujourd’hui !

    Notre fondatrice, Mère Joséphine, avait une santé fragile. Très jeune, elle a connu des périodes de maladie et de soin. Marquée par cette expérience de la souffrance morale et physique, elle aidera pendant 20 ans les Soeurs de St Vincent de Paul à prendre soin des malades, à l’Hôtel Dieu d’Angers.

    Puis, elle et plusieurs femmes, laïques et franciscaines, se sont associées et ont décidé d’habiter ensemble pour se dévouer plus efficacement au service des malades. Elles étaient toute dévouées aux pauvres dans leur quartier, répondant à leurs besoins physiques et spirituels…

    Petit à petit, le groupe des garde-malades prend forme et consistance. Le service des malades s’organise, d’abord et surtout auprès des pauvres, gratuitement, mais aussi chez des personnes plus aisées.

    Le travail de garde-malades est un véritable apostolat. Les Petites Soeurs soignent et soulagent la souffrance des malades, parfois au péril de leur vie (de par les maladies contagieuses). Elles viennent aussi en aide aux familles nécessiteuses, prenant en charge les enfants, procurant du pain là où il fait souvent défaut, apportant réconfort et sérénité.

    La notion de garde-malades s’est rapidement élargie et étendue au service de toute misère rencontrée, des laissés-pour compte de la société surtout.

    Toute cette présence pleine de compassion et de tendresse s’enracinait dans la prière quotidienne, et en particulier la contemplation du Christ souffrant.

    Pendant longtemps, en France comme en Centrafrique, la Congrégation a tenu des dispensaires, des cliniques, les Petites Soeurs se dépensant sans compter pour soigner et réconforter toute personne.

    Encore aujourd’hui, certaines Petites Soeurs travaillent dans le milieu de la santé.

    Et surtout chaque Petite Soeur se sent engagée à accueillir, écouter, prendre soin de chaque personne rencontrée… spécialement les plus fragiles…

    « Suis-je le gardien de mon frère, disait Caïn ? »… « Tu es le gardien de ton frère » disait St François

    Pour découvrir les autres trésors de notre fondatrice