L’école malgré tout

Depuis la fin du mois de mars, tous les petits Centrafricains étaient au village, occupés aux travaux manuels quotidiens : qui au champ avec maman, qui au petit commerce de ses parents, qui à la chasse ou au chantier de diamant pour les plus grands… Entre temps, le ballon rassemblait joyeusement les garçons.

Nos CM.2 de NGOTTO-Centre ont particulièrement souffert de cette période. Car, outre la fermeture de l’école qui empêchait leur préparation des examens, ils ont perdu en juin leur enseignant, Eric, d’une maladie qui s’est subitement aggravée. De main de maître, c’est lui seul qui encadrait cette classe de 86  adolescents… dont quelques-uns étaient plus férus des activités villageoises que du calcul et de la lecture! C’était un maître expérimenté qui aimait beaucoup ses élèves. Nous avons essayé de le sauver, en vain.

Quand il s’est agi de reprendre l’école début juillet, pour dispenser le programme du 3ème trimestre et préparer activement les examens de fin de CM.2, il a fallu faire recours à trois enseignants et partager ce gros effectif en trois salles afin de respecter les conditions sanitaires du Ministère de l’Education.

Dans chacune de nos écoles paroissiales villageoises, nous avons fait de même. Ainsi nous avons pu offrir aux enfants sept semaines de classe, qu’ils ont fréquentée sans absence. Cela a traduit une réelle motivation: car en cette période pluvieuse de l’année, la Lobaye vit au rythme de la récolte des

chenilles !

Parmi nos vaillants élèves du CM.2: Martin, l’un de nos élèves Pygmées Akas, de TOUANDJIO, à 8 kilomètres. Il a suivi l’école depuis des années, d’abord le CI-CP au campement, puis à Ngotto à partir du CE.1 , jusqu’au CM.1 où il a du se marier, …construire sa maison, et travailler pour entretenir sa jeune femme puis le bébé, dans le respect des traditions.

Ceci devenait difficilement compatible avec la fréquentation assidue de l’école. Martin était bon élève, calme et posé. Alors, nous avons quelque peu fermé les yeux sur ses absences et adapté son parcours scolaire pour l’aider et lui permettre de finaliser sa scolarité primaire.

Ce 12 septembre 2020, il a obtenu son Certificat d’Etudes Primaires (C.E.F1) !

Sachant lire, écrire et parler les rudiments du Français, il sera dans son milieu une personne ressource et respectée, et probablement un bon père de famille. Et aussi tout naturellement, un acteur de la cohésion sociale entre les populations bantoue et pygmée, en ayant lui-même fait l’expérience. Plusieurs cadets le suivent, ils seront cette année dans les classes du CE.1 au CM.2.

En période de fermeture des écoles, nous sommes aussi allées à la rencontre de nos élèves Pygmées dans leur campement. Ici, Sr Prisca avec Apollinaire, élève au CE.1 à NGOTTO et Eudoxie, maman d’élève au campement de TOUANDJIO.

Laisser un commentaire